Nous avons appris avec une grande tristesse le décès le 10 juin 2024 de Susan Lesley Bland, épouse de notre collègue et ami Robert Cailliau.
Un hommage a été publié dans le Bulletin du CERN. Vous le trouverez en cliquant sur ce lien.
Nous avons appris avec une grande tristesse le décès le 10 juin 2024 de Susan Lesley Bland, épouse de notre collègue et ami Robert Cailliau.
Un hommage a été publié dans le Bulletin du CERN. Vous le trouverez en cliquant sur ce lien.
En début d’année Thérèse nous a quitté. Elle a lutté avec un admirable courage contre la maladie qui la minait depuis des années.
Nous la connaissions depuis longtemps et regrettons qu’elle ne soit plus avec nous. Son enthousiasme, sa capacité d’organisation, son amitié, nous manquent chaque jour davantage.
Nous nous sommes connues au CERN dans le groupe du club des Cernoises. L’Union Soviétique venait de s’effondrer et une dame russe dont le mari travaillait au CERN, a initié un cours dans sa langue maternelle. Tout était à inventer: il fallait trouver le manuel adapté à ce
difficile apprentissage et une manière moderne de se familiariser avec la culture russe. Ce fut fait avec succès.
Nous formions un groupe multiculturel : il y avait une américaine, une italienne, une française, une égyptienne, une tchèque, une hongroise et une russe. Nos différences culturelles auraient pu nous éloigner les unes des autres et pourtant c’est exactement l’inverse qui s’est produit car Thérèse tenait à l’amitié et donnait son temps et sa joie de vivre pour renforcer la cohésion du groupe. Par exemple, elle nous concoctait de délicieux repas, servis dans une vaisselle raffinée, sur une table décorée avec le plus grand soin, chaque fois différente, ornée de fleurs ou de verdure selon la saison.
C’est en grande partie grâce à elle que notre amitié perdure aujourd’hui
Amatrice de musique, elle jouait du piano et de l’orgue. Nous apprenions et chantions ensemble de belles mélodies russes et allions l’écouter au temple de Satigny, quand elle improvisait pour nous de petits concerts.
Elle était très chaleureuse et sa simplicité nous faisait oublier sa grande culture et ses origines nobles.
Très croyante, elle avait toujours une parole d’espoir pour chacune d’entre nous. Sa boutade favorite était : « Il faut être comme le proton: toujours positif ».
Peggy, Laura, Névine, Gabriella, Maria, Nina, Lioudmila, Macha et Natacha
Philippe Bernard nous a quittés le 10 octobre 2023.
Vous trouverez, ci-après, un hommage écrit par notre collègue Giorgio Cavallari.
Membre du groupe de R&D des Cavités Supraconductrices pour la Phase 2 du LEP, j’ai passé dix années avec Philippe Bernard à développer une technologie pour amener l’énergie des faisceaux du LEP à 103GeV, ce qui a été obtenu non sans difficultés.
Philippe était un chef de groupe qui savait nous donner confiance : il était toujours à notre côté, écoutant nos difficultés et sachant nous protéger, si nécessaire.
Il a été aussi très actif pour l’installation d’Explorer, à l’époque l’antenne la plus sensible pour la recherche des ondes gravitationnelles. C’est sur ce détecteur cryogénique que s’est formée toute une génération de physiciens, pour aboutir à la découverte de ces ondes par les grands détecteurs interférométriques LIGO et Virgo.
Il y a deux ans, j’avais écrit à Philippe qui me fit part de ses graves problèmes de santé. Lui demandant s’il envisageait une greffe, Philippe me répondit qu’il y avait renoncé pour laisser cette possibilité à quelqu’un de plus jeune. Voilà pour moi la marque d’un homme intègre et généreux.
Giorgio Cavallari
Nous vous invitons à lire aussi les hommages publiés dans le Bulletin 65 du GAC-EPA ou sur le site du CERN.
Maria Fidecaro nous a quittés le 17 septembre 2023. Vous trouverez ci-dessous le discours prononcé par Ugo Amaldi à ses obsèques, au nom de la communauté du CERN.
Née à Rome en 1930, Maria était fille unique. Sa mère Ada s’occupait de la maison et son père Filippo Cervasi travaillait comme commis à la Bourse de Rome. En 1951 elle termina ses études universitaires à la Sapienza, ou elle rencontra Giuseppe, en soutenant une thèse expérimentale réalisée au Laboratoire de la Tête Grise du Matterhorn, dirigé par Gilberto Bernardini. Giuseppe travaillait également dans ce Laboratoire dont il est devenu plus tard le directeur adjoint.
Après sa thèse à Rome, elle commença à travailler à l’Institut de physique, qui avait été dirigé par Enrico Fermi, en s’occupant notamment de suivre les travaux pratiques des étudiants en physique. C’est à cette époque que je l’ai rencontrée, soit en 1953, il y a exactement soixantedix ans; nous étions sept à avoir commencé les études de physique l’année précédente. C’est elle qui nous a appris les rudiments de l’électronique à tubes de l’époque avec grande dextérité, accompagnée d’une patience souriante qu’elle a toujours eu, en particulier vis-à-vis des jeunes.
En 1954, Maria a obtenu une bourse de la “Fédération internationale des femmes diplômées des universités” et a rejoint Giuseppe à Liverpool, où ce dernier avait été envoyé par Edoardo Amaldi pour faire des recherches sur les pions produits par le nouveau synchrocyclotron, en vue d’un emploi au CERN, qui venait d’être créé. Maria travaillait avec une chambre de diffusion et Giuseppe avec des compteurs Tcherenkov.
Ils arrivèrent à Genève à la mi-1956 et, en 1957, Maria reçut une bourse du CERN. Elle commença à travailler sur le développement d’une source de protons polarisés pour le Synchrocyclotron, puis passa à des expériences au Proto-Synchrotron. Les sujets abordés étaient variés : entre autres, la recherche de monopôles, l’étude de l’annihilation de positons en vol et une série d’expériences sur la diffusion de pions réalisées en collaboration avec Giuseppe et son groupe CERN-Trieste.
Aux débuts des années 1980, elle participa à l’expérience WA78, faite au Super Protosynchrotron, qui était consacrée à l’étude de la production de couples quark-b/antiquark-b. Les événements étaient sélectionnés en détectant les muons, produits dans des cibles épaisses, avec un aimant supraconducteur.
À partir de 1985, Maria contribua à la construction et à l’analyse des données de la collaboration CPLEAR, qui étudiait les différences entre matière et antimatière en détectant les événements dans lesquels une particule, dite kaon-neutre, se transforme en antiparticule, et vice versa. Ces particules étaient produites par le faisceau intense d’antiprotons de l’accélérateur LEAR.
Les détecteurs utilisés dans l’expérience étaient très délicats – en particulier celui appelé ‘calorimètre électromagnétique’ – et la description que la physique quantique donnait de ce phénomène nécessite un formalisme mathématique compliqué mal compris à l’époque. Pour parvenir à bout de deux défis Maria déploya toutes ses qualités de physicienne expérimentale experte en physique théorique. Tout d’abord, elle conduisit deux talentueux techniciens, Max Renevey et Paul Dechelette, dans la conception et la construction de 17000 tubes de graphite de 2,6 mètres de long et d’une section d’un quart de centimètre carré. Puis, en 2004, elle publia, avec deux collègues, un long travail théorique qui clarifiait en détail le formalisme et montrait que les mesures prises (tant au CERN qu’à Stanford et au Japon) permettaient de déterminer plus de paramètres fondamentaux qu’on ne le pensait auparavant.
Un collègue senior de l’expérience CPLEAR m’a décrit ainsi les qualités uniques de Maria :
« Comme physicienne, sa grande rigueur et son désir de tout comprendre à fond, quitte à passer des heures à la bibliothèque, à refaire des calculs difficiles, pour ne rien laisser au hasard. C’était un très grand atout dans des expériences de précision, comme CPLEAR, et une leçon pour ses jeunes collaborateurs. Comme collaboratrice, elle apportait un soutien sans faille à ses collaborateurs face aux difficultés. “On va y arriver, on va y arriver“ disait-elle toujours et effectivement, on y arrivait ! Comme personne, elle faisait preuve d’empathie, c’est à dire d’une capacité extraordinaire à comprendre et partager les émotions d’autrui, qui faisait qu’on n’hésitait pas à se confier à elle, même pour des choses en dehors du travail. Ce qui n’empêchait pas Maria de faire preuve de fermeté si cela était nécessaire. »
Plusieurs années après avoir pris sa retraite, Maria a rejoint la collaboration NA48/2 qui était dédiée à l’étude des désintégrations des kaons chargés et leurs propriétés de symétrie. Maria a participé avec enthousiasme à la campagne de mesure du champ magnétique résiduel dans un tube de 2 mètres de diamètre et de 100 mètres de long, ainsi qu’à l’analyse critique des données.
Maria avait une attitude réservée en toutes circonstances et un sens profond de ses devoirs envers la communauté qu’elle “servait”, au sens propre du terme, comme personne d’autre. Pendant de nombreuses années, elle a été le secrétaire scientifique du PS Experiment Committee pour lequel, sans s’imposer, elle a fait beaucoup plus que rédiger les procès-verbaux. L’un de ses présidents a écrit : “ Elle connaissait très bien le CERN et était toujours prête à aider. Sans son aide, mon travail de président aurait été beaucoup plus difficile“.
En raison de l’étendue de ses connaissances scientifiques, de son sérieux et de sa précision, Maria était une précieuse relectrice de travaux scientifiques. Son excellent travail a été reconnu par la maison d’édition Springer, qui en deux occasions lui a décerné un prix.
Comme toute la communauté des physiciens des particules le sait bien, après leur retraite et jusqu’à l’année du COVID-19, Maria et Giuseppe ont continué à aller travailler tous les jours. Reconnus et salués par tous ils parcouraient bras dessus, bras dessous, les longs couloirs du CERN. Un exemple pour tous mais, en particulier pour les jeunes et les anciens jeunes qui, comme moi-même il y a soixante-dix ans, ont découvert avec Maria, et son sourire et sa compétence, les difficultés et la beauté de la physique.
À ce propos j’aime terminer ce bref résumé de son parcours scientifique avec ce qu’un jeune collaborateur des années 1960 et 1970, à l’époque du groupe CERN-Trieste, m’a écrit ces derniers jours : « Maria a immédiatement dépassé la relation purement professionnelle et s’est impliquée sur le plan humain dans des relations personnelles avec nous, les “jeunes”, en nous soutenant dans les problèmes extérieurs au travail. Elle a toujours eu à cœur que nous puissions travailler dans les meilleures conditions. Dès qu’un obstacle surgissait au bon déroulement de l’expérience, elle essayait de l’éliminer, et à plusieurs reprises elle devait se battre comme une lionne, au point d’être très dure avec ceux qui posaient des obstacles. Toujours polie et respectueuse, mais aussi très ferme et déterminée. Elle était unique pour sa manière douce mais sans compromis de diriger et de guider le groupe et son attention aux différentes personnalités et particularités. Toujours prête à aider pour des problèmes personnels, elle a même fait office de banquier pour le pauvre boursier, ou de chauffeur de taxi lorsque la garderie d’enfants fermait”.
Maria et son sourire resteront pour toujours gravés dans nos cœurs.
« BACHY’S TEAM » créé en 1973 et qui deviendra le groupe « INSTALLATION »
C’EST FINI !!!
Après Georges DUBAIL , qui nous avait quitté le 17 Decembre 2009 le reste des « trois mousquetaires » l’a rejoint cette année et en très peu de temps.
Y aurait – il le projet d’un grand accélérateur à installer là-bas. ???
« Au revoir là-haut »
Toutes nos meilleures pensées vont à leurs familles
De la part de tous leurs collègues et amis(ies) du CERN
JF Michaud
Günther Plass, ancien directeur des accélérateurs, s’est éteint le 11 décembre 2020, à l’âge de 90 ans.
Günther a contribué de façon décisive aux grandes installations du CERN, qu’il avait rejoint en 1956 en tant que membre du groupe des aimants du Synchrotron à protons (PS). Avec Berend Kuiper, il développe en 1963 le nouveau système d’éjection rapide ; il élabore ensuite le vaste programme d’amélioration du PS, lancé en 1965. En 1978 il supervise la construction du nouveau Linac 2.
Günther Plass avec Colin Ramm avait, en 1961 déjà, suggéré la construction du SPS près du site de Meyrin.
En 1980, il est l’un des partisans de l’anneau d’antiprotons de basse énergie (LEAR), transformé ensuite en anneau d’ions de basse énergie (LEIR), aujourd’hui un élément clé du programme ions du LHC.
Günther a montré toute la mesure de son talent de leader à partir de 1981, en tant qu’adjoint d’Emilio Picasso, chef de projet du LEP, puis, dès 1983, comme chef de la division LEP.
Directeur des accélérateurs dès 1990, Günther a fait approuver le projet de la montée en énergie au moyen de cavités supraconductrices du LEP, qui a pu ainsi atteindre une énergie supérieure à la masse des W+W-.
Il a également vivement encouragé les études sur le LHC et le CLIC assurant le futur du CERN.
Les succès de Günther s’expliquent par sa modestie, sa patience et sa capacité d’écoute, son esprit ouvert et calme face à l’adversité, et par sa capacité à identifier les points essentiels et les bonnes personnes pour réaliser telle tâche ou tel projet.
Kurt Hübner and Carlo Wyss
Comme directeur du CERN, un des premiers présidents du GAC-EPA, Horst Wenninger a joué un rôle clé dans l’approbation du LHC et dans la mise en place du transfert des connaissances au CERN.
Un chef de service récemment promu au CERN était en colère. Certains éléments du personnel dont il avait hérité avaient manqué à leur devoir et pas été capables d’achever un équipement dans les temps et dans le cadre budgétaire promis. Furieux, il s’en est plaint. Vingt minutes plus tard, il ressortait du bureau de son superviseur, Horst Wenniger, calmé et satisfait. On a eu de bonnes raisons pour surnommer Horst Wenniger « M. Valium ».
Des physiciens éminents et ceux qui aspiraient à le devenir, auraient pu chercher conseil et assistance auprès de Horst. Il donnait universellement confiance car il ne volait pas les idées et ne représentait aucune une menace. Il savait comme personne quel était son chemin dans le CERN et qui contacter pour que les choses avancent (et dans l’urgence, comment les obtenir pour les réaliser).
Avant de devenir physicien, Horst avait envisagé de devenir diplomate. D’une manière ou d’une autre, il s’est attaché à combiner les deux professions, cela, dans l’intérêt du CERN. Il cultivait l’art de mettre en contact les scientifiques, les ingénieurs et les administrateurs, toujours dans l’esprit d’aboutir à un objectif.
Horst est né en 1938 à Wilhelmshaven, troisième enfant d’un officier de marine. Sa prime enfance s’est déroulée avec sa mère et ses trois frères et sœurs près de Dresde. Quand la guerre a pris fin, la famille s’est installée à Heilbronn (dans le Bad Württemberg). Il a rencontré son épouse et fondé sa famille, tout en étudiant à l’université d’Heidelberg où il obtint en 1966 son Phd en physique nucléaire. En 1968, il a rejoint le CERN pour participer à la Grande Chambre à Bulles Européenne (BEBC).
Dès le début, Horst était inspiré par le CERN. Il y a satisfait à la fois son intérêt pour la physique et son penchant pour la diplomatie. Il a vu l’importance du laboratoire à établir des collaborations pacifiées à l’échelle du monde et savouré de participer à cette aventure.
Sans surprise, Horst a été identifié comme un meneur, tout d’abord en tant que coordinateur du programme de la BEBC en 1974. En 1980, il alla à DESY pour travailler sur le collisionneur électrons-positrons en préparation du LEP, pour retourner ensuite au CERN en 1982, afin de conduire le groupe de la BEBC. En 1984 il a été le chef de la Division des Facilités Expérimentales, apportant le support à Omega, UA1 et UA2. Pour la R&D et la construction des détecteurs du LEP, Horst souhaita apporter un nouveau style de collaboration : pour la première fois, la majeure partie des éléments ont eu à être financés, développés et fournis par des groupes extérieurs avec une coordination centralisée au CERN. En 1990 il devint le chef de la Division des Technologies de l’Accélérateur (AT), comprenant les meilleurs groupes de technologie travaillant sur le LEP2, la R&D sur les aimants supraconducteurs du LHC avec en plus les technologies spécifiques du LHC, comme le vide et la cryogénie. En tant qu’adjoint au chef du projet LHC en 1993, sa profonde connaissance du CERN couplée à ce qui aurait pu être possible en terme de réduction des coûts et d’inévitables restrictions de personnels, ont été vitales pour la réévaluation du projet du LHC.
Horst a été le Directeur de la Recherche et Technologies du CERN de 1994 à 1999. L’approbation du LHC était espérée pour 1994. Toutefois, le jour précédant le vote crucial du Conseil du CERN en décembre de cette année, la délégation allemande n’était toujours pas autorisée à apporter son soutien. Dans une action avancée dans la nuit, Horst a arrangé un contact avec le bureau du Chancelier allemand avec, pour mission, d’influencer le ministre responsable. Sa réaction énigmatique fut jugée opportunément d’un grand secours par le délégué allemand comme feu vert, un geste déterminant pour le bien du CERN. Horst fut élevé par la suite à l’Ordre du Mérite de la République Allemande.
En 2000, il a aidé à lancer la division du Transfert des Technologies du CERN (TT) et présidé le Conseil Consultatif de la Technologie. Il contribua aussi à l’exécution de l’initiative italienne du LAA pour la R&D du détecteur du LHC. Grace à lui le livre de 2017 « La technologie rejoint la Recherche – 60 ans de technologies au CERN : un résumé choisi » a été édité, une contribution à l’importance qu’il associait à la technologie dans la vie du CERN.
Horst a pris sa retraite du CERN en 2003 mais a poursuivi et apporté ses contributions majeures grâce à sa vaste expérience en physique, en technologie et en management et à son réseau international. GSI, à Darmstadt s’est récemment embarqué dans le projet FAIR, plus largement qu’initialement prévu pour ce laboratoire. Horst fût appelé comme aide : ses singuliers talents furent essentiels voire vitaux, à tracer une voie commune en avance sur son temps, quand la science, la technologie et la politique tiraient dans différentes directions. Il contribua à apporter une aide avec sa substantielle expertise sur les accélérateurs du CERN et, plus tard, un appui sur lequel compter pour de majeures contributions « en nature » ; il apparaissait comme naturel chez Horst de mener à bien une complexité de services et une fragile organisation et approvisionnement. Quand en 2019, l’Union Européenne a approuvé « l’Institut du Sud-Est Européen pour le Développement Durable des Technologies (SEEIIST), Horst fût chargé de le coordonner en Phase 1.
En parallèle avec ses activités scientifiques et diplomatiques, Horst trouva aussi le temps d’être le vice-président, puis le président du GAC-EPA et nous a enchanté avec ses discours animés aux assemblées annuelles. Au cours de son mandat, les pensionnés qui étaient représentés comme de simples observateurs au Comité de Gouvernance de la Caisse de Pensions, se virent accorder un siège avec des pleins droits, mais ceci réclamait la création d’une association incluant formellement les bénéficiaires CERN et ESO de la Caisse de Pensions. Horst a été alors la bonne personne à la bonne place. Les membres du Comité du GAC le retiendront comme un dirigeant affable mais ferme et efficace.
Horst a laissé son empreinte au CERN. La communauté au sens large a immensément bénéficié de ses contributions dans ses rôles de conseiller tout au long de sa vie. Nous avons perdu un remarquable collègue, et un bon ami par son enthousiasme, ses conseils et sa sagesse dont nous avons tous profondément profité.
Il laisse dans le deuil son épouse, Gisela.
Ses amis et collègues.
Albert Hofmann est décédé pendant la nuit du 28 décembre 2018. Toutes les personnes qui ont eu la chance de passer du temps avec cet homme merveilleux ont été profondément attristées par la nouvelle.
Albert Hofmann avait achevé ses études à l’EPFZ, à Zurich, au milieu des années soixante, puis avait rejoint l’équipe de l’Accélérateur d’électrons de Cambridge (CEA) à l’Université de Harvard. Cette équipe était extrêmement réputée, et comportait des personnalités telles que Gus Voss et Herman Winick. Nous plaisantions souvent avec Albert sur le fait que, d’après lui, tout ce qui a un rapport avec les accélérateurs avait été inventé au CEA à Harvard. En 1973, Albert Hofmann est venu travailler auprès des ISR au CERN, rejoignant le groupe Théorie des accélérateurs, dans lequel il a fait des contributions décisives à la performance de ce collisionneur. Après l’arrêt des ISR, Albert est retourné en Californie pour travailler sur les anneaux d’amortissement du SLC et sur SPEAR. Il a été invité à revenir au CERN en 1989 pour prendre la responsabilité conjointe de la mise en service du LEP. Albert a apporté de remarquables contributions à la performance du LEP tout au long des onze années de la durée de vie de la machine. Il est ensuite parti en Californie pour travailler avec Ron Ruth sur une source de lumière compacte développée par Lyncean Technologies.
Albert était pour toutes les personnes travaillant avec lui une source d’inspiration, un mentor et un modèle. Sa renommée en tant que physicien des accélérateurs était mondiale. En même temps, il était connu pour sa bonté et sa gentillesse.
Nous avons pu voir en maintes occasions de jeunes collègues se tourner naturellement vers Albert pour des explications simples sur des questions de physique compliquées. Il a donné dans le cadre de l’École d’accélérateurs du CERN beaucoup de conférences très appréciées ; il avait un véritable don pour simplifier certain concepts extrêmement complexes de la physique des accélérateurs.
Il a également écrit un monumental ouvrage de référence sur le rayonnement synchrotron. Comme c’était un perfectionniste, il exprimait souvent sa crainte que le livre ne soit jamais fini, car il voulait sans cesse y faire figurer les dernières innovations en la matière.
Il a tout au long de sa carrière crédité très généreusement des collègues de contributions scientifiques pour des apports parfois mineurs. Albert pouvait aussi être un peu moqueur, dans le genre pince-sans rire. Il racontait des histoires captivantes sur son enfance, et aussi sur les temps héroïques des collisionneurs.
C’est avec beaucoup de tristesse que nous disons un dernier adieu à cet homme généreux, simple, modeste, qui nous a tant appris et qui restera pour nous un modèle.
Ses collègues et amis
Susanne Muratori nous a quittée le 2 mai 2018.
Triste nouvelle pour les membres des anciennes divisions Track Chamber (TC), Experimental Facilities (EF), et Accelerator Technology (AT).
Susanne Muratori a rejoint l’aventure des années de formation du CERN en 1955, après ses études à l’École des interprètes. Elle a d’abord été engagée au Bureau des Achats et changeait plus tard pour la division PS. Elle rejoignit la division Track Chamber, alors nouvellement créée (auparavant un groupe dans la division PS). Très vite elle devint la tête et l’âme de administration sécretariale des trois divisions mentionnés. Avant de prendre sa retraite elle travaillait au Directoire comme assistante administrative personelle.
Ses collègues au CERN ainsi que de nombreux physiciens visiteurs se souviendront de Susanne pour son grand professionnalisme, son souci constant poour des autres et la manière chaleureuse et humoristique avec laquelle elle a abordé et résolu des problèmes, privés ou professionnels.
Susanne restera dans les mémoires comme une exceptionnelle «Cernoise», intelligente, profondément humaine.
Sa passion pour la musique classique a conduit à la fondation du Club de musique du CERN en collaboration avec l’ancien directeur général du CERN, Victor Weisskopf.
Nos sincères condoléances vont à son mari Giovanni et à son fils Bruno et sa famille.
Un célèbre résistant français a été enterré ce dimanche à Veyrier
(Tribune de Genève, 2016-08-14) Carnet noir :
Herbert Herz, ingénieur au CERN, vient de décéder. Juif allemand, il avait rejoint la Résistance [française] en 1942.
Herbert Herz a participé à des sabotages de l’effort de guerre nazi et à des attentats contre l’occupant. Il est des vies qui ont porté une partie du poids de l’histoire. Herbert Herz en est un exemple.
Ancien Résistant, membre du réseau Franc-tireur et partisan main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI), affilié au Parti communiste, il est décédé jeudi. L’enterrement de cet ex-ingénieur au CERN, représentant de l’institut israélien Yad Vashem pour la région, décoré de la Légion d’honneur pour hauts faits de Résistance, s’est déroulé dimanche au cimetière israélite de Veyrier.
Herbert Herz est né en 1924 à Augsburg dans une famille juive. Persécutée, celle-ci s’enfuit et s’installe à Dijon. Après la débâcle de l’armée française en 1940, elle s’enfuit vers l’Auvergne. Pris à Riom dans la rafle des juifs étrangers ordonnée par Vichy en août 1942, Herbert Herz s’enfuit grâce à l’intervention d’un commandant de gendarmerie, qui entrera par la suite dans un mouvement de Résistance. Dénoncé, celui-ci mourra en déportation.
Après la guerre, le dossier de cet homme sera le premier qu’Herbert Herz présentera pour qu’il obtienne, à titre posthume, la médaille des Justes. Devenu délégué de l’Institut Yad Vashem, Herbert Herz fera honorer 117 «Justes parmi les Nations». Cette décoration récompense les non-juifs ayant sauvé des juifs au péril de leur vie. «Mon mari disait toujours qu’au lieu d’en vouloir à ceux qui nous ont fait du mal, il fallait récompenser ceux qui nous ont fait du bien», témoigne Simone, son épouse.
Pourchassé, le jeune homme s’enfuit à Grenoble. Il est alors recruté par le groupe Carmagnole et Liberté appartenant aux réseaux FTP-MOI de Grenoble et Lyon. Il participe à des sabotages de l’effort de guerre nazi et à des attentats contre l’occupant. A la même période, son frère, Manny, qui tente de passer en Suisse à la demande pressante de sa mère, est arrêté par les gardes-frontière suisses. Remis aux policiers de Vichy, il mourra en déportation à Auschwitz.
Après la guerre, Herbert Herz fait des études d’ingénieur en électricité et travaille au CERN. Il y restera jusqu’à sa retraite en 1987. Durant sa carrière, il a milité dans les milieux des défenseurs de l’environnement et fut, notamment, un des fondateurs de l’Aspic. A 92 ans, ce père de trois enfants et de nombreux petits-enfants et arrière-petits-enfants, n’oubliait pas d’aller nager au lac quand il le pouvait. Sa dernière apparition publique remonte à avril au Salon du livre pour un débat sur la Résistance juive.
Herbert Herz «Mon combat dans la Résistance», édition Manny (disponible au kiosque à journaux du bâtiment principal ou chez Interfon au restaurant n°2).
Témoignage de collègue
“La lecture de son livre (Mon combat dans la Résistance – Souvenirs d’un jeune Juif allemand) m’a permis d’éclairer sa personnalité.
Quand je pense à lui, le premier souvenir que j’ai de lui est sa détermination ! Dans tout ce qu’il entreprenait, il allait jusqu’au bout quelques soient les obstacles.
Le second est la force de ses convictions. Ainsi, mécontent du peu d’attention que le CERN portait alors à l’environnement, il était un des fondateurs du Groupe Environnement dans l’Association du Personnel.
Inquiets, je ne sais pas pourquoi, tous les chefs de groupe en étaient devenus membres !
Il a voulu planter des arbres sur le site de Meyrin du CERN, ce qui gênait paraît-il l’entretien des espaces verts ! Déjà un conflit entre écologie et économie ? Peu importe, Herbert a créé sa pépinière clandestine et entre midi et une heure, il nous entraînait pour aller planter des arbres. Comme les tondeuses à gazon étaient impitoyables (c’était avant l’utilisation des moutons), nous mettions des piquets pour protéger les futurs arbres. Peu à peu, le site du CERN a retrouvé sa verdeur.
Son engagement en faveur des Justes, pendant sa retraite, il l’a poursuivi avec la même détermination, ce qui a augmenté encore notre respect envers lui.”